La voie de l'art martial vietnamien

 

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Maître Tran Nguyen Dao

Grade : Ceinture Rouge 3ème degré (7ème Dang)
Age : né en 1954
Pratique depuis 1964 

Fonction :

- Secrétaire Général du Conseil Mondial des Maîtres 
- Président de la Fédération Mondiale (2000-2004)
- Président du Conseil des Maîtres France (1982-2000)
- Président du Conseil des Maîtres Europe (1990-1992)
- Membre du Conseil des Maîtres Mondial et d'Europe

Profession : Ingénieur Informaticien

Contact : Fédération Vovinam-Vietvodao France
Chemin de l'hôpital - 69280 Sainte Consorce / France

MaitreDao@free.fr

Le Vovinam Viet Vo Dao apparaît officiellement en France en 1975 avec l'arrivée de Tran Nguyen Dao. Ex-membre de l'Equipe Mobile (*), il est unanimement reconnu comme le fondateur, le leader historique et charismatique de l'Ecole Vovinam Viet Vo Dao en France.
Que ce soit de façon directe ou indirecte, tous ceux qui se prévalent aujourd'hui du Vovinam Viet Vo Dao reçoivent son enseignement.

Dans la lignée des grands maîtres, il consacre toute son énergie à préserver l'identité de son Art, tout en façonnant les bases du Vovinam Viet Vo Dao du 21ème siècle.
C'est dans cette optique que le Conseil Mondial des Maîtres de Vovinam-Vietvodao lui a confié la direction de la Commission Technique Internationale.

En Août 2000 à Los Angelès - Californie - USA, il est élu Président de la Fédération Mondiale, poste qu'il a brillamment tenu jusqu'en 2004 avant de le céder à Maître NGUYEN The Truong nouvellement élu. 

En Août 2004 à Houston - Texas - USA, il est élu Secrétaire Général du Conseil Mondial des Maîtres.

(*) L'Equipe Mobile est créée en 1975 par Maître Phan Hoang, Président de la Fédération Française de VietVoDao. Elle est composée des experts : Nguyen Thi Hue, Tran Nguyen Dao, Ba Hien, Ha Kim Khanh, Do Long, Phi Long, Nguyen The Truong. Cette Equipe (dont l'entraîneur technique est Tran Nguyen Dao) est le premier noyau Vovinam Viet Vo Dao en France et en Europe.

 

 

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La revue Karaté-Bushido N°263 - Déc. 1998, dans la rubrique "grand maître", a publié un reportage sur Maître Tran Nguyen Dao. Nous vous proposons de le découvrir

Tous les mois Karaté-Bushido vous fait rencontrer les grands du Budo. Dans ce numéro, Trân Nguyên Dao, du Vovinam Viet Vo Dao.

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Le Maître Trân Nguyên Dao est le plus ancien instructeur de Vovinam-VietVoDao en France. Avec d'autres experts, il œuvre activement à l'unification des arts martiaux vietnamiens, dans l'espoir de la création prochaine d'une fédération autonome. Attaché aux valeurs traditionnelles de son art, il vous livre ici une réflexion sur la technique et la philosophie du Vovinam originel.

Son âge : 44 ans, Maître Tran Nguyen Dao est né le 1er juillet 1954 au Vietnam

Ses débuts : Tran Nguyen Dao a commencé par le Vovinam Viet Vo Dao et il est resté fidèle à ce style. Il débute avec Maître Vu Kim Trong jusqu'à la ceinture noire, puis se perfectionne avec Maître Tran Huy Phong, Patriarche de 3ème génération. Il enseigne en France depuis près d'un quart de siècle.

Son grade : Trân Nguyên Dao est actuellement Ceinture Rouge 2ème niveau de VOVINAM-VietVoDao. Ce grade correspond au 6ème dan du système japonais.

Son rôle : Tran Nguyen Dao est membre du Conseil Mondial des Maîtres du Vovinam-VVD, actuellement il est président du Conseil des Maîtres de Vovinam-VVD de France et Président de la commission technique internationale.

Maître Tran Nguyen Dao expert Ceinture Rouge 2ème niveau réside en France depuis plus de vingt-trois ans. Envoyé dans l'hexagone par les instances vietnamiennes pour développer le Vovinam-VVD, il apparaît, aujourd'hui plus que jamais, comme l'un des piliers fondateurs de cet art martial millénaire dans notre pays.

Karaté-Bushido : Parlez-nous de vos débuts en Vovinam Viet Vo Dao ?

T.ND. : Je pratique le Vovinam-VVD depuis l'âge de 10 ans (1964) dans un club organisé dans la maison de mes parents. Ce club était dirigé par un des mes frères, Maître Tran Huy Quyen, qui est actuellement dirigeant du Vovinam-VVD en Australie.nguyendao2.jpg (7604 octets) 

A l'époque je n'avais pas d'envie ou d'ambition particulière. Je pratiquais simplement pour respecter les traditions de ma famille. Cependant, l'enfant que j'étais caressait déjà 2 rêves : le premier était que le Vietnam retrouve la paix (guerre du VN : de 1954 à 1975) ; le second rêve était un défi que je me lançais : je serai le premier à refaire la grande démonstration historique dans le grand théâtre de Hanoi où le Maître fondateur avait présenté officiellement pour la première fois le Vovinam-VVD au public en 1939. J'ai pu réaliser ce rêve 29 ans plus tard, en 1993 avec mes disciples venus de France. 

K-B : Depuis combien de temps êtes-vous en France et avez-vous été envoyé par les instances vietnamiennes dans le cadre d'une mission précise ?


T.N.D. :
Je suis en France depuis 23 ans et demi. J'ai effectivement été envoyé officiellement par les instances du Vovinam-VVD du Vietnam. Ma mission en Europe avait été fixée d'une façon bien précise : premièrement réussir mes études supérieures, deuxièmement contribuer au développement du Vovinam-VVD.

Mes débuts en France ont été particulièrement difficiles : je n'avais ni bourse d'étude ni famille et je ne connaissais que quelques mots de Français appris à la hâte avant de m'envoler pour ce nouveau pays. Je suis titulaire d'un DESS (diplôme d'études supérieures spécialisées, Institut National Polytechnique de Lorraine, promotion 86-87). Mais en réalité mon cursus universitaire ne sera vraiment achevé que le jour où je présenterai une thèse de Doctorat. Ce jour là je pourrai prétendre avoir réalisé pleinement les vœux de mes Maîtres.

En ce qui concerne mon deuxième objectif, il est intrinsèquement lié au concept philosophique de base du Vovinam-VVD : La Formation de l'Homme Vrai. C'est donc une tâche sans fin. C'est la noble cause à laquelle sont naturellement attachés tous les Maîtres de Vovinam-VVD.

K-B: Y-a-t-il une grande différence entre l'enseignement au VN et l'enseignement en Europe ?

T.N.D. : Sur le plan de la technique, il n'y a qu'à se référer aux multiples témoignages de pratiquants au retour d'un séjour au Vietnam : "Ils font la même chose que nous !". Cette remarque, bien que pleine de justesse, me fait cependant à chaque fois sourire car je suis obligé de rétorquer que "c'est nous qui faisons la même chose qu'eux". Au plan purement technique, on ne peut donc pas parler de différence notable, mais seulement d'adaptations rendues nécessaires par la différence morphologique. En fin de compte, l'enseignement diffère essentiellement au plan de la progression dans le programme technique.

Sur le plan de l'esprit, il y a une très grande différence intimement liée à la culture et à la philosophie asiatiques. Au Vietnam, dès qu'on fait un Art Martial on cherche à s'attacher à un Maître dont on attend une formation qui dépassera souvent le cadre strict de l'art martial. La relation Maître-Élève est sacrée. Le Maître occupe alors une place prépondérante dans la vie de son disciple, et va jusqu'à assumer le rôle d'un père spirituel.

En Europe on va choisir plutôt une activité physique : on s'inscrit dans un club, s'affilie à une fédération... Et puisque c'est la démarche sportive qui prévaut, on cherche un enseignant pédagogue qualifié. Si d'emblée l'on n'est pas satisfait, on va "voir ailleurs".

Pour ma part, je suis profondément imprégné de la culture du Vovinam-VVD traditionnel. Et c'est paradoxalement grâce à cette complète formation que j'ai pu concilier tradition et modernité, deux concepts apparemment opposés ; en fait, ces deux concepts, l'un ancestral et millénaire et l'autre moderne et international, cohabitent et se respectent aussi bien au Vietnam qu'en Europe. Mais qu'est-ce qu'une tradition ?  une idée neuve et donc moderne qui vieillit bien avec le temps...

Je ne vous surprendrai donc pas en vous disant qu'aujourd'hui le Vovinam-VVD au Vietnam est en train d'essayer de rattraper l'Europe sur ce concept de modernité.

 "Le ciseau volant servait, à l'origine, à désarçonner un cavalier"

(1) Maître Dao et Frank sont face à face en garde traditionnelle
(2) Maître Dao bloque et dévie un coup de pied direct en levant son genou sous la jambe d'attaque
(3) Après avoir posé son pied gauche, il pivote et frappe d'un coup de pied retourné au visage

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(4) Maître Dao se remet en garde. Après avoir pris une impulsion sur place, il termine son enchaînement avec un coup de pied typique du Vovinam-VVD. Cette technique porte le numéro 10 dans la classification des 21 techniques de ciseaux

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K-B: Le Viet Vo Dao est composé de plusieurs styles. Quelle est la particularité du Vovinam-VVD ?

T.N.D.: Permettez-moi de répondre à votre question au mot à mot ; le Viet Vo Dao n'a jamais été composé de plusieurs styles. Il n'y a qu'un seul Viet Vo Dao : le Vovinam Viet Vo Dao. Cette affirmation est à juste titre péremptoire car elle est vérifiable de deux manières :
1: le Vietnam a ouvert ses frontières depuis plus de huit ans. N'importe qui peut donc s'y rendre et vérifier par soi-même : au Vietnam il n'y a toujours eu qu'un seul Viet Vo Dao, les termes Vovinam et Viet vo Dao étant indissociablement liés.
2: "Les autoroutes de l'information" sont aussi accessibles à tous. Comme vous l'avez compris, je parle d'Internet : vous pouvez surfer et constater que dans le monde entier il n'y a aussi qu'un seul Vovinam Viet Vo Dao. Cependant il n'y a qu'une seule exception à cette règle et c'est en France qu'elle se trouve. En France existent donc plusieurs "styles de Viet Vo Dao". En réalité ce ne sont pas plusieurs styles de Viet Vo Dao mais plutôt plusieurs styles d'art martial vietnamien. Je crois que l'exception française est le résultat d'une confusion indigne qui n'a que trop duré.

Maintenant j'essaie de répondre au fond de votre question, c'est à dire la particularité du Vovinam-VVD par rapport aux autres Arts Martiaux Vietnamiens.
L'éventail technique du Vovinam-VVD est d'une richesse notoire et force de constater qu'il est plus complet que les autres disciplines vietnamiennes. J'entends déjà le tollé général que provoquent ces propos, c'est pourquoi je m'empresse de préciser que je ne me livre qu'à une comparaison quantitative et non qualitative de mon style par rapport aux autres. D'ailleurs, l'abondance de techniques ne veut pas dire que nous sommes les meilleurs : trop de richesse peut tuer la qualité et la perfection !

Nos techniques ont commencé par les prises, clés, la lutte, la self-défense, le combat à main nue, les armes blanches comme : couteau, sabre, bâton long, hallebarde, etc. Ont été développées les techniques de roulade et chute sur sol naturel, et parallèlement, la théorie, philosophie, les techniques respiratoires, etc.
Mais les techniques les plus spécifiques du Vovinam-VVD sont incontestablement les 21 techniques d'attaque avec les deux jambes que l'on appelle couramment "techniques de ciseaux volants".

Une autre spécificité très importante pour moi est la formation théorique qui englobe l'histoire, la philosophie et la pédagogie. Cette formation est contenue dans un programme aussi important que le programme technique. Une épreuve de théorie est donc présente dans tous les passages de grades, et, particulièrement pour la ceinture noire 1er dang et 4ème dang, les candidats doivent présenter et soutenir un mémoire. A partir du 5ème dang les candidats doivent soutenir une thèse. J'ai moi-même affronté cette épreuve redoutable : après des années de recherche et de rédaction j'ai dû soutenir ma thèse en mai dernier à Houston/USA devant un jury composé de 9 maîtres membres du Conseil Mondial des Maîtres et de 2 enseignants universitaires renommés.

K-B : La technique dite "ciseau volant" est effectivement la caractéristique du Vovinam la plus connue du grand public ; quelle en est l'origine ?

TND : L'origine des techniques de ciseaux volants remonte au 13ème siècle (dynastie TRAN de 1225 à 1400). Le Vietnam affronta à 3 reprises l'armée la plus puissante de l'époque : l'armée mongole.

La première confrontation eut lieu en 1257, et se solda par une cuisante défaite du Vietnam face à seulement 3000 cavaliers mongols ; mais à cause du climat défavorable aux envahisseurs et des maladies, les Vietnamiens n'eurent pas trop de difficultés à reconquérir les territoires occupés.

Justement à cause de cette défaite, la décision fut prise d'ouvrir de nombreux centres d'art martiaux populaires dans tout le pays. Après avoir analysé la cause principale de la défaite de l'armée, les maîtres et les experts inventèrent les techniques de ciseaux qui furent alors enseignées dans ces centres. Ces techniques avaient pour but de permettre à un guerrier à pied d'utiliser ses jambes pour désarçonner un cavalier et le capturer.

Ces techniques se révélèrent très efficaces pour contrer l'armée mongole dont l'atout était d'être principalement une armée de cavaliers extrêmement rapides et qui excellaient dans les "attaques éclair". Grâce à ces techniques de ciseaux et aussi à d'autres techniques de guerre notamment navale, deux autres attaques mongoles purent être repoussées : en 1284 contre 50.000 soldats et en 1287 contre une coalition d'un demi-million de soldats mongols et chinois.

Ces techniques de ciseaux volants ont continué d'être enseignées jusqu'aux années 30 et justement notre Maître fondateur, Maître Nguyen Loc, les a recensées. Il inséra 10 de ces techniques dans le programme de Vovinam-VVD. Il faut attendre 1964 pour que le Maître patriarche Tran Huy Phong réétudie l'ensemble des ciseaux et insère 21 techniques dans un programme allant de débutant jusqu'au 3ème dang.

K-B : Contrairement à d'autres disciplines ou d'autres styles, le Vovinam-VVD en France compte très peu de hauts gradés. Quelle en est la cause ?

TND : En effet le Vovinam-VVD existe en France depuis plus de 23 ans et nous avons moins d'une quinzaine de hauts gradés de plus 5ème dang.

Cette situation anormale est liée à la situation dramatique du Vietnam à la fin de la guerre (1975). Le Vovinam-VVD entre dans une longue période de léthargie. Pendant 15 ans, de 1975 à 1990, le Vovinam-VVD n'a plus eu de Conseil Mondial des Maîtres. Cette instance a entre autres la fonction de juger les candidats aux grades supérieurs. C'est pour cela que nos gradés n'ont pas pu passer leurs grades et présenter leurs thèses. C'est donc pour cette raison qu'en France l'ensemble des gradés et moi-même, nous avons dû attendre 15 ans pour pouvoir présenter nos thèses et régulariser nos grades.

3 QUESTIONS à TRAN NGUYEN DAO :

Franck (Artiste - membre des 2B3 - 2ème dang) : Contrairement aux Maîtres d'autres disciplines, pourquoi n'aimez-vous pas faire de la publicité sur le Vovinam Viet Vo Dao et vous exposer aux médias ?

TND: Cher Frank, quelques-unes des tes qualités, et malgré le succès du groupe 2B3, sont ta timidité et ta discrétion indéniables. Et bien moi aussi, je passe pour quelqu'un de froid et rigide alors qu'en réalité je suis seulement profondément timide et réservé. J'essaie néanmoins de faire de mon mieux mais médiatiquement parlant, maintenant le maître en la matière, c'est toi !

Maître Sforza (Fonctionnaire de Police à la retraite - 4ème dang) : Je suppose que la motivation est très forte, pour enseigner le Vovinam-VVD à un haut niveau !

TND: Le statut de "formateur de maîtres" est un statut dont tous les enseignants devraient rêver. Pour ma part, j'ai l'honneur d'avoir ce statut et je dois en assumer l'entière responsabilité. Rappelez-vous que notre Maître fondateur n'a pu former qu'une vingtaine de maîtres, mais quels maîtres ! Et de quelle dimension !

Mai : (Gestionnaire comptable - 3ème dang) : Qu'est-ce qu'un Maître Vovinam-VVD et quelles sont les conditions pour devenir Maître ?

TND: Un maître de Vovinam-VVD est un être ayant atteint un haut niveau tant au plan technique que philosophique. Les critères pour devenir maître ont été normalisés depuis 1964. En France nous les avons inclus dans notre règlement intérieur :
                    - Être licencié et avoir le grade technique de 4
ème Dang
                    - Avoir soutenu sa thèse avec succès
                    - Être reconnu et accepté par le Conseil National des Maîtres

LE CONSEIL DU MAÎTRE

On se demande souvent : est-ce un art martial ou sport de combat ? Ceci n'est qu'un faux débat. L'important est de toujours se souvenir de ses racines et d'y puiser toute la quintessence, ainsi gardera-t-on son identité, quelles que soient les évolutions imposées par la marche du temps.

Reportage : Denis Boulanger.

NOTE DE LA RÉDACTION :

Le terme "Vovinam-Vietvodao" a été créé dans les années 1930 par le maître Nguyen Loc pour désigner le style qu'il avait créé. Par la suite, en France, le terme abrégé "Vietvodao" a été abusivement utilisé pour désigner un ensemble de styles d'arts martiaux vietnamiens n'ayant rien à voir avec le Vovinam Vietvodao original.

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