La voie de l'art martial vietnamien

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Le maître patriarche
TRAN HUY PHONG
(1938-1997)

Maître Tran Huy Phong est l'éminent disciple direct du Maître Fondateur Nguyen Loc. Après le décès de son Maître en 1960, il reprend le flambeau et structure le mouvement de Vovinam-VietVoDao que nous connaissons aujourd’hui.

 

Il occupe les plus hautes fonctions

- 1960-1964 : Il assume seul la charge de l'école Vovinam

- 1964-1973 : Il crée la Fédération Nationale de Vovinam-VVD

- Adjoint du Patriarche Le Sang
- Directeur Technique du Vovinam-VietVoDao
- Responsable de l'organisation et du développement
- Président de la Fédération de la Jeunesse du Vovinam-Vietvodao

- 1973-1975

- Président du Vovinam-Vietvodao du Vietnam
- Président du Vovinam-Vietvodao Mondial

- 1975-1986 : Il est incarcéré en camp de "rééducation"

- 1986-1991 : Patriarche du Vovinam-Vietvodao

- 1996-1997 : Il crée la Fédération Mondiale et le Conseil Mondial des Maîtres et accepte le poste de Conseiller. Il s'éteint le 13 décembre 1997…

 

Historique du Maître Tran Huy Phong

UNE ETOILE S'ETEINT… UNE AUTRE APPARAIT...

Le Maître Fondateur NGUYEN LOC disparaît en 1960. Le Vovinam entre alors dans la période la plus noire de son histoire, risquant de disparaître à jamais, pour les raisons suivantes :

1964- Maître Tran Huy Phong
en action : 7ème ciseau volant

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- A cause de la guerre, le nombre des disciples du Maître se réduit à une vingtaine, qui sont dispersés ici et là

- L'aîné, maître LE SANG, cesse toute activité Vovinam et part s'établir à Quang Duc (de 1960 à 1964)

- Le régime NGO DINH DIEM (Sud Vietnam) interdit tous les arts martiaux, y compris le Vovinam

Dans ce contexte, le Vovinam est condamné à disparaître, ce qui est le cas de la plupart des arts martiaux vietnamiens de l'époque. Heureusement, une nouvelle étoile apparaît, en la personne de Maître TRAN HUY PHONG. Il est reconnu non seulement comme le rénovateur du mouvement, mais aussi comme l'artisan d'un système complet d'enseignement.

A l'actif de Maître TRAN HUY PHONG :

La renaissance du Vovinam

  • Il rénove et transforme le Vovinam en Vovinam-Vietvodao,
  • Il rénove l'école Vovinam en la structurant en fédération nationale d'art martial,
  • Il crée le système de grades du Vovinam-Vietvodao
  • Il introduit le Vovinam-Vietvodao dans l'éducation nationale et les corps d'état (police, armée),
  • Il planifie rigoureusement l'étude du Vovinam et définit un programme d'enseignement officiel,
  • Il énonce les bases de la théorie et de la philosophie du Vovinam-Vietvodao : 10 principes fondamentaux, doctrine de l'harmonie entre la force et la souplesse, théorie de la révolution du corps et de l'esprit…
  • Il forme des centaines de maîtres,
  • Avant de s'éteindre en 1997, il crée la Fédération Mondiale de Vovinam-Vietvodao, le 1er Conseil Mondial des Maîtres et lègue de très nombreux documents à son disciple et frère Maître TRAN NGUYEN DAO…

MAÎTRE TRAN HUY PHONG PENDANT LA PERIODE NOIRE

En 1960 l'autorité politique du régime NGO DINH DIÊM ordonne la fermeture de tous les Vo Duong (lieux d'entraînement). Maître LE SANG part à Quang Duc ouvrir une exploitation agricole. Reste maître TRAN HUY PHONG qui continue à œuvrer pour le développement du VOVINAM. Il est le pilier de l'élaboration et du développement, et c'est sous son impulsion et sa direction que le VOVINAM va devenir le VOVINAM-VIETVODAO que nous connaissons aujourd’hui.

LE VOVINAM DANS L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE

1964- Maître Tran Huy Phong en action
contre-attaque "Dam Hai Tay" 7ème niveau

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A cette époque maître TRAN HUY PHONG est professeur de mathématiques et exerce dans les lycées de Saigon. Il en profite pour ouvrir des dizaines de classes de Vovinam en tant qu'activité sportive dans le cadre scolaire, ce qui n'est pas interdit et donc légal aux yeux de l'autorité politique. Ainsi le Vovinam est-il enseigné dans les établissements secondaires de Saigon :

Lycée Anh Sang, rue Phan Dinh Phung, Lycée Tri Duc, rue Cao Thang,  Lycée Saint Thomas, rue Truong Minh Giang, Lycée Chân Phuoc Liêm, Go Vâp, Lycée Thang Long, rue Bui Viên, Lycée Hô Vu, rue Trân Quôc Toan, etc.

Grâce à cela, le mouvement Vovinam-Vietvodao est non seulement autorisé, mais il se développe encore plus largement. Le nombre de pratiquants est très élevé, avec comme résultat la formation d'une "armée" d'instructeurs jeunes et enthousiastes, une génération de cadres qui sont la base même de la grande expansion du mouvement dans les années 1964-1975.

Au nombre de pratiquants issus des établissements secondaires cités plus haut, et qui deviendront des maîtres de renom et des piliers du Vovinam, on peut compter : maîtres Lê Công Danh, Trân Van Be, Trân Huy Quyên, Nguyên Van Thông, Nguyên Van Trung, Nguyên Xuân Ngoc, Pham Van Sinh… ainsi que d'anciens pratiquants qui n'ont jamais cessé de participer de tout coeur aux activités du Vovinam : Nguyên Van Hoan, Duong Hoanh San, Phung Manh Tâm…

FORMATION DE CADRES

Egalement à cette époque, un nombre d'élèves qui avaient déjà pratiqué avant 1960 et atteint un niveau moyen sont réunis par maître TRAN HUY PHONG qui leur dispense en personne son enseignement. Certains de ces élèves deviendront des maîtres : Trinh Ngoc Minh, Cao Van Cat, Liên Quôc, Tô Câm Minh, Quynh Ky, Ly Phuc Thai…

RASSEMBLEMENT DES DISCIPLES DE MAÎTRE NGUYÊN LÔC

Le VOVINAM-Vietvodao se développe considérablement, les tâches deviennent chaque jour plus complexes et difficiles à coordonner. Maître PHONG ne peut assumer seul cette responsabilité, il demande donc à ses condisciples de l'assister. Ces condisciples sont naturellement des disciples du Maître Fondateur : Nguyên Van Thu, Trân Duc Hop, Ngô Huu Liên, Pham Huu Dô, Nghiêm Van Hiên, Nghiêm Van Hung, Trân Thê Phuong.

RASSEMBLEMENT DE L’ELITE

Maître PHONG rassemble un nombre de proches ayant un haut niveau dans d'autres disciplines et arrive à les convaincre de servir le Vovinam. Il organise lui-même des sessions d'enseignement technique et de formation accélérée pour que ces personnes obtiennent le statut d'enseignant du Vovinam. Certains de ces proches deviendront des maîtres illustres qui contribueront grandement à l'essor de l'Ecole Vovinam : maîtres Manh Hoang, Phan Quynh, Nguyên Hô (Nguyen Van Cuong), Trân Ban Quê.

LES ACTIVITES SOCIALES

Toujours à cette époque, maître TRAN HUY PHONG et ses proches ne se limitent pas au développement du Vovinam, mais ils débordent d'activités socioculturelles, accroissant ainsi la notoriété et l'influence du Vovinam. L'objectif est de créer un mouvement Vovinam qui pénètre profondément et largement la masse vietnamienne.

  • Au plan culturel :

Organisation de cours et de sessions de préparation aux examens scolaires (appelés cours collectifs) réservés aux élèves pauvres et démunis.

  • Au plan humanitaire :

Participation aux oeuvres de bienfaisance et de solidarité sociale. L'un des exemples les plus symboliques : en 1961, le Vovinam organise un grand gala d'art martial et artistique pendant 3 jours d'affilée au stade olympique, afin de récolter des fonds pour venir en aide aux victimes des inondations de la région Ouest.

 

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Dans le monde des arts martiaux vietnamiens, Maître TRAN HUY PHONG jouissait d'un respect et d'un prestige qui avaient largement dépassé les frontières du Vietnam. Il recevait régulièrement des visiteurs désireux de faire sa connaissance et d'en savoir plus sur l'Ecole Vovinam-VVD. Ci-dessous, un extrait d'un reportage de la revue "Arts & Combats", réalisé au Vietnam, dans le centre d'entraînement fondé par le maître : le Vo Dao Quan.

ENTRETIEN AVEC Me TRAN HUY PHONG
(Arts & Combats n°4 - Oct. 1993)

Dans la hiérarchie actuelle du Vovinam Viet Vo Dao, Me Tran Huy Phong âgé aujourd’hui de 58 ans, professeur diplômé de mathématiques, grand spécialiste des techniques d’armes traditionnelles, est le successeur désigné de Me Le Sang, le patriarche du Vovinam (…).

Arts & Combats : Quelles responsabilités exercez-vous actuellement ?

Me Tran Huy Phong : Depuis 1973, date à laquelle j'ai été nommé par Me Le Sang, je suis directeur des techniques de combat du Vovinam ; dans le même temps, j’exerce la fonction de président de la Fédération Vietnamienne de V.V.N. et à ce titre je suis responsable du développement international du V.V.N. Pour ce qui concerne la France, nos représentants officiels sont les maîtres Tran Nguyen Dao (Paris) et Nguyen Dien (Bordeaux).

A & C : Depuis quand vous consacrez-vous au Vovinam ?

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Me Tran : Depuis le début des années cinquante je pratique, d'abord à Hanoi avec le maître Nguyen Loc, ensuite à Saigon où nous nous sommes installés avec de nombreux disciples autour de notre Maître. Le Maître pratiquait les arts traditionnels du Vietnam mais aussi les arts martiaux internationaux avant de créer le Vovinam. En 1930 il a fondé son école, qu'il a ouverte à ses disciples en 1938. Moi-même j'ai pu pratiquer une dizaine d'années avec le Maître jusqu'à sa mort en 1960. A ce moment là, avec le grade de 5ème dang je suis devenu responsable de notre centre de Saigon en l'absence de Me Le Sang. A partir de 1964, toutes les parties concernées se sont regroupées pour s'unir, le Maître Le Sang qui est le plus ancien des disciples donc le grade le plus élevé a été désigné comme notre patriarche. Aujourd’hui âgé de soixante quinze ans, après avoir vécu des épreuves très dures, il s'est retiré sur les hauts plateaux pour méditer.

A & C : Quelles armes utilisez-vous ?

Me Tran : Les armes de base du V.V.N. sont les bras et les mains, mais aussi les jambes, les genoux et toutes les techniques liées au déplacement du corps. Les autres armes sont aussi celles des arts de combat traditionnels, cependant pour nous il est mieux de travailler les techniques de combat à mains nues. A partir du 5ème dang nous transmettons les techniques plus radicales et même mortelles comme celles qui ont été enseignées dans les commandos jusqu'en 1975.

A & C : Les techniques à mains nues sont-elles plus efficaces ?

Me Tran : Lorsque nous sommes attaqués par une arme traditionnelle comme le couteau ou le sabre, il est indispensable de savoir réagir à mains nues, c'est le fondement de la défense ; on n'a pas toujours une arme à sa disposition, d'où le développement particulier de ces techniques, sans oublier le travail de l'énergie interne dont la maîtrise peut permettre de guérir certaines maladies. Le combattant doit pouvoir s'adapter à toutes les situations dans toutes les conditions qui lui sont imposées ; la souplesse et la résistance doivent être ses deux qualités essentielles, c'est les raisons pour lesquelles le bambou qui rassemble ces qualités est le symbole de notre art martial.

Jean Paoli